À la découverte de la Colombie

La Colombie est un pays grand comme deux fois la France et peuplé de « seulement » 48 millions d’habitants. Cela laisse donc beaucoup de place à la nature et à l’agriculture. En effet, je retrouve énormément de champs et de cultures tout au long de la route. Toutes les parcelles sont clôturées et cela n’incite pas à y camper.

La Colombie est également la 3ème puissance économique de l’Amérique du Sud avec de nombreuses richesses comme le gaz, le pétrole ou encore les émeraudes. Le réseau routier est en bon état et sur les routes principales, il y a généralement une bande de plus de 1,5 mètres où je peux rouler en sécurité. Tout le long de la route de Bogota à Neiva et plus loin encore, on trouve un réseau de gaz qui, je suppose, alimente les villes les unes après les autres.

Réseau de gaz à travers la Colombie
Réseau de gaz à travers la Colombie

Même en dehors de Bogota, la présence militaire est très importante. De nombreux points de contrôle sont présents sur la route, j’en croise régulièrement un à deux par jour. Au début je ne savais pas si je devais m’arrêter car les militaires ne me faisaient pas signe mais j’ai rapidement compris qu’ils ne s’intéressaient pas à moi. Seule à mon arrivée à El Marmol, j’aurai été contôlé et la veille, on m’avait mis en garde à San Agustín de me méfier des fouilles et de vider moi-même mes affaires. Au final, je n’ai jamais eu à présenter mon passeport.

Je passe également quelques péages mais les motos et les vélos n’ont pas besoin de payer et il y a souvent une voie sans barrière réservée aux deux roues.

Péage peu après Neiva
Péage peu après Neiva

Un rythme en partie trouvé

Après des premières ascensions difficiles, j’appréhendais beaucoup la suite de mon voyage qui annonçait de belles montées mais finalement j’ai rapidement trouvé mon rythme à vélo et je me sentais de pédaler plus longtemps. Mon corps s’est adapté aussi bien l’effort qu’à la chaleur.

Si la densité de population est relativement faible, je trouve toujours quelque chose à voir quand je pédale entre deux villages. Les paysages des montagnes environnantes, les maisons isolées, les ateliers de réparation de véhicule, les étales de vente de fruits, les paysans dans les champs ou sur la route à cheval ou à vélo ne manquent pas. Je ne ressens pas la monotonie et je suis bien souvent encouragé par les Colombiens au bord de la route avec un pouce en l’air.

Un paysan s'en allant travailler à vélo
Un paysan s’en allant travailler à vélo

Aussi, je commence à prendre mes repères pour trouver des endroits où manger et dormir. Je commence à savoir ce que je peux trouver entre deux villages et je sais que je trouverai toujours un endroit où dormir quelque soit le village. Les Colombiens sont très sympathiques et dans les restaurants, je suis toujours accueilli avec le sourire et avec un « à votre service ». J’ai également rapidement compris que si les prix n’étaient pas souvent affichés, ils sont les mêmes pour les locaux et les touristes. Si bien qu’à l’heure de déjeuner, je m’arrête dans le restaurant où il y a le plus de monde en supposant que c’est le meilleur du coin. Quant au prix, j’ai rapidement compris qu’il me revenait moins cher de commander le menu du jour plutôt que de me faire à manger !

Pour l’hébergement, je dors la plupart du temps en hospedaje (petit hôtel) car les prix sont bon marché (entre 15 et 25 000 pesos, soit 4 à 8€ environ) et je ne me sens pas encore suffisamment à l’aise pour demander l’hospitalité aux habitants. Par contre, pour la douche, c’est bien souvent un simple tuyau qui sort du mur avec une vanne quart de tour. Quand il fait plus de 30°C, c’est agréable mais au-delà de 1000 mètres d’altitude, il me faut bien souvent de longues minutes à tâter l’eau du bout de mes extrêmités avant de me décider à me laver.

En ce qui concerne le système pour chauffer l’eau, il m’a paru assez surprenant car il chauffe juste à la sortie de l’eau.

Système pour chauffer l'eau
Système pour chauffer l’eau

Le climat étant plutôt chaud voire très chaud, l’isolation des constructions n’est pas très poussée est inexistante. Les murs entre les chambres d’hôtel sont généralement ouverts en haut et cela me permet de bénéficier du film que regarde mon voisin ou le gardien. Tout au long de la nuit, il y a des bruits qui me gênent et me réveillent et à partir de 5h du matin, la vie ou plutôt la circulation reprend. Globalement, si je trouve mon rythme à vélo, je ne le trouve pas encore au niveau du sommeil et de mes horaires. J’avoue que je trouve que le bruit très pénible aussi bien la nuit que la journée avec les véhicules qui klaxonnent et les vendeurs ambulants qui crient à tue tête. Du coup, comme je dors mal, je me lève assez tard par rapport au soleil et à la population, et en fin de journée, je dîne aussi assez tard quand la moitié de vendeurs ambulants ou restaurants ferment, à 19h30…

Un peu de tourisme

De Neiva, je remonte le río Magdalena jusqu’à San Agustin, une destination touristique qui propose de nombreuses activités : trek à la source du río Magdalena, balades à cheval au travers des sites archéologiques ou des champs café, de Coca ou de marijuana (le special tour comme ils appellent ça), ou même de fabrique artisanale de cocaïne… Pour ma part, je me contenterai de la visite du parc archéologique et de la vue sur El Estrecho de Magdalena.

Le parc archéologique est de loin l’attraction principale et cela est mérité car le parc bien entretenu est agréable à visiter. Il fait partie du Patrimoine mondiale de l’UNESCO et on y découvre des statues funéraires en pierre datant l’an 1 à 900 de notre ère (source : le petit carnet donné à l’entrée).

Statue de San Agustín
Statue de San Agustín

San Agustín est également réputé pour son café et les cultures se font à flan de colline. On en voit partout en allant à El Estrecho de Magdalena, une curiosité touristique à quelques km de San Agustín, qui n’est autre que le rétricissement de la rivière qui rend soudainement le cours d’eau plus impressionnant.

El Estrecho de Magdalena
El Estrecho de Magdalena

Des backpackers que j’ai rencontrés sont aussi allés visiter une fabrique de cocaïne artisanale mais n’en ont pas gardé un souvenir impérissable surtout par rapport au prix demandé. Quant à la qaulité du produit fini, ils l’ont jugé plutôt moyenne.

Feuilles de Coca pour production artisanale de cocaïne
Feuilles de Coca pour production artisanale de cocaïne

En ce qui concerne la drogue (que je n’ai pas essayée), la loi est relativement flexible. Depuis quelques années, l’usage médicamenteux de la marijuana est aurotisé et de manière plus générale, la consommation personnelle est autorisée ou tolérée dans un espace privé, cela signifie que l’on peut circuler avec l’équivalent de quatre joints et 1 gramme ou un demi gramme (selon les sources) de cocaïne. Il est également autorisé de cultiver quelques plants de chanvre et de coca chez soi.

La confirmation d’une bonne forme

De San Agustín à Popayán, un nouveau challenge m’attend, le passage d’un col à plus de 3200 mètres et 40 kilomètres de pistes de pierres. Les 140 kilomètres se font en deux jours et une halte est possible au village d’El Marmol, dernier village avant la fin de la route goudronnée. Si l’ascension se passe bien malgré une pluie incessante et une température d’à peine 12°C, la descente est assez technique car ça secoue pas mal et il s’agit de faire attention pour ne pas casser quelque chose.

Ascension du col à 3202m d'altitude dans le Parc national du Puracé
Ascension du col à 3202m d’altitude dans le Parc national du Puracé

Par contre, à moins d’un kilomètre du village de Paletara où la route goudronnée reprend, je paye le prix de mes efforts. Alors que je profite du retour du réseau mobile pour envoyer quelques messages à ma chérie et contacter des membres du réseau Couchsurfing pour trouver un logement pour la nuit, je m’évanouis subitement. L’espace d’un instant, c’est le trou noir, je ne sais plus ce qui vient de se passer. Je me réveille quelques dizaines de secondes (ou quelques minutes ?) plus tard lorsque deux hommes à moto s’approchent de moi pour me porter secours. Mon téléphone par terre et mon vélo entre les jambes, je me dégage et reste assi un instant pour reprendre connaissance. L’instant a dû être suffisamment long puisque les hommes ne m’ont pas vu tomber et ils arrivaient par le bout d’une longue ligne droite. Le temps de reprendre mes esprits, je rejoins Paletara où j’avalerai une boisson chaude à base de canne à sucre, une soupe bien chaude et un maximum de calories. Finalement, je repars en forme mais je comprends que je ne me suis pas hydraté et alimenté assez. En effet, à El Marmol, je fais le plein d’eau mais la couleur jaunâtre de celle-ci m’a peu incité à en boire et depuis le matin, je n’ai rien mangé.

Piste défoncée du Parc National du Puracé
Piste défoncée du Parc National du Puracé

Le reste de la route me fait malgré tout rapidement oublier cette mauvaise passe. Bien que le ciel reste en partie chargé, les paysages de la vallée de Paletara sont vraiment magnifiques. De grands espaces verts dans lesquels serpentent un peu partout des cours d’eau. Certaines habitations ressemblent à des chalets alpins et les vâches prennent place dans  les prés, j’ai du mal à croire que je suis en Colombie.

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Un vélo allégé délesté

Avant de repartir Popayán, j’avais décidé de faire un tour au centre ville de type coloniale. Ma gourmandise m’a poussé à m’arrêter manger une salade de fruits et une fois terminé, je me suis aperçu que mes chaussures de randonnées n’étaient plus sur mon porte-bagage avant. Je me suis dit qu’elles avaient dû tomber en passant sur les pavés et j’ai donc fait le chemin inverse jusqu’à chez mon hôte, Julian. Arrivé là-bas, on me confirme bien que j’avais chargé mes chaussures sur mon vélo et je refais donc le chemin pour vérifier si elles étaient tombées quelque part. Arrivé au bar, je me dis que c’est quand même bizarre et je demande si on peut voir les vidéos de surveillance. Et là, on s’aperçoit qu’un chenapan gros enculé m’a volé mes chaussures juste sous mon nez, celui du vendeur d’arepas devant le bar et ceux des policiers postés à chaque extrémité de la rue. Malgré mes tours dans le centre, je ne les reverrai plus et ce vol m’a mis un sacré coup au moral alors que j’étais relativement serein et que je me sentais en confiance. Le centre ville est certes très fréquenté par les familles ce dimanche après-midi et les forces de police sont massives mais avec du recul, il y avait aussi pas mal de mecs avec des toxicomanes.

Le vol de mes chaussures filmé par la caméra de surveillance
Le vol de mes chaussures filmé par la caméra de surveillance
Au départ de Popayán : la dernière fois qu'on a vu mes chaussures
Au départ de Popayán : la dernière fois qu’on a vu mes chaussures

La Panaméricaine

De Popayán à Pasto, je prends la route 25, plus connue sous le nom de Panaméricaine. Je m’attendais à une large route relativement plate mais finalement c’est surtout une route de montagne de deux fois une voie que je rencontre. En effet, on est à la limite des Andes et Pasto se situe à environ 2500 mètres d’altitude mais entre les deux, ça ne cesse de monter et de descendre. C’est aussi ce qui fait la magie du voyage à vélo et notamment à travers les montagnes. Le matin, en altitude, on traverse des villages qui cultivent du café et le font sécher au bord de la route et quelques heures plus tard ce sont les oranges pour préparer des jus qui prennent place sur les étales. Il est intéressant de voir à quelque point les différentes boutiques des villages sont semblables. Dans certains villages, toutes les boutiques proposent des jus de fruits tandis que dans d’autres aucune mais elles proposent alors de la glace pilée avec du sirop.

Route 25 : La Panaméricaine
Route 25 : La Panaméricaine

Durant ce trajet, je rencontre plusieurs cyclistes qui vont vers le Nord et à force d’échanger avec eux, je me rends compte qu’il est finalement très simple de planter sa tente un peu partout, il suffit de demander. Je décide de planter ma tente la veille de mon arrivée à Pasto et c’est en voulant la planter à côté d’une station service qu’un homme vient m’inviter à la monter dans la construction où il loge avec son collègue. Tous deux travaillent pour un élevage de bétail et le soir je serai également invité à manger avec eux.

Tente montée dans le logement des hommes travaillant pour un élevage.
Tente montée dans le logement des hommes travaillant pour un élevage.

A Pasto, je suis accueilli par Carlos que j’avais contacté via Warmshowers mais ce sont ses amis cyclistes Jésus et Jenny qui m’hébergent pendant deux jours. Le groupe d’amis a su me faire oublier l’incident de Popayán en m’accueillant à bras ouverts. Carlos et Jesus sont venus à ma rencontre en voiture car ils savaient que j’avais une journée très chargée en dénivelé et m’ont proposé de mettre mon vélo sur la voiture mais j’ai insisté pour aller jusqu’au col. En tout cas, cela m’a vraiment boosté alors que je commençais à fatiguer. Le jour suivant, Carlos m’a emmené faire le tour des boutiques pour que je me rachète une paire de chaussures. À ce propos, j’avais peur de payé le prix fort pour des chaussures techniques mais au final, elles m’ont coûté bien moins cher que si je les avais achetées en Europe car la Colombie n’impose pas de taxes import/export. Si bien que de nombreux produits y sont particulièrement bon marché.

Heureux d'avoir des nouvelles chaussures de randonnée
Heureux d’avoir des nouvelles chaussures de randonnée

Je profite de cette journée de repos pour faire contrôler mes roues après la descente dans le Parc National du Puracé et avant de traverser le Trampolín de la Muerte. Carlos aura été mon guide tout à long de la journée et m’aura invité à déjeuner avec sa famille, j’aurai vraiment passé une bonne journée en sa compagnie.

6 thoughts on “À la découverte de la Colombie

  1. Salut l’ami !
    Et ben dis donc tu te ménages pas… La route est encore longue, vas-y cool quand même…
    Et tu dis rien sur le faucon que tu as ramassé sur le bord de la route, il a l’air trop beau !
    Bonne route jeune homme !

    1. Ah Greg, merci de l’avoir remarqué ! Les autres ne parlent que du cuy que je n’ai pas goûté…
      En fait, il arrivait plus à bouger, il était au milieu de la route, je l’ai pris et je l’ai posé à l’ombre d’un arbre. Il n’avait pas l’air d’avoir quelque chose de casser, je pense qu’il était sonné suite à un choc avec une voiture peut-être. J’ai oublié de lui donner de l’eau mais je suis sûr qu’il va mieux aujourd’hui .
      Oui de Pasto à l’Equateur, je ne me suis pas trop ménagé mais après j’ai été contraint au repos (voir le prochain article bientôt).
      Merci pour ton message et donne des nouvelles.

  2. Félicitations pour ce périple extraordinaire. Que de courage mental et physique ! Bonne continuation.
    Une copine de rando de Claudine

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